Un lutin essoufflé débarqua soudain dans son bureau, tenant une enveloppe rouge.
— C’est une lettre urgente ! déclara-t-il.
Le Père Noël, pensant à un caprice d’enfant exigeant un poney, ouvrit nonchalamment l’enveloppe. Mais ce qu’il lut le fit recracher ses chamallows.
« Monsieur le Père Noël,
Nous, les lutins de l’atelier, avons décidé d’exercer notre droit de grève. Nos conditions de travail sont devenues inacceptables : pas de pauses, des quotas irréalistes, et des chansons de Noël en boucle. Nous exigeons une augmentation, des horaires décents et des cookies à volonté. Sans cela, nous cesserons toute production. »
Le Père Noël était sous le choc. Une grève, ici, au Pôle Nord ? Inimaginable. Pourtant, à l’atelier, les tapis roulants étaient arrêtés, les machines silencieuses, et les établis abandonnés. Une immense pancarte en bois trônait à l’entrée :
"Pas de jouets sans respect des droits des lutins."
Les négociations
Il tenta de négocier immédiatement, mais les lutins s’étaient barricadés dans leur quartier, un endroit secret qu’ils avaient renforcé avec des briques de Lego et des bonbons en guise de projectiles. Une délégation finit par se présenter à la table des négociations, dans une salle décorée avec du pain d’épices.
— Nous sommes fatigués, lança le chef des lutins. Vous savez combien de fidgets spinners on a dû produire en une seule année ? Nos poignets ne s’en sont jamais remis.
— Et ces nouvelles poupées interactives, ajouta un autre. Vous avez vu le temps qu’il faut pour programmer leurs phrases ? On en rêve la nuit !
Le Père Noël tenta de répondre :
"Mais vous avez tout ici, du chocolat chaud, un toit chaleureux, et les plus belles chansons de Noël !"
— Justement ! cria un lutin. Si j’entends encore une fois Petit Papa Noël, je fais une syncope.
Une solution improbable
En désespoir de cause, il décida d’embaucher des stagiaires humains pour remplacer les grévistes. Mais rien ne se passa comme prévu. Les stagiaires, pleins de bonne volonté mais complètement inexpérimentés, firent tout de travers. Les trottinettes électriques avaient des guidons montés à l’envers, les puzzles étaient mélangés, et les nounours parlaient en latin, à cause d’une erreur de programmation.
Les rennes, eux, ne voulaient rien entendre.
— Je ne vole que pour des lutins professionnels, grogna Prancer. Pas pour ces amateurs qui confondent nos cookies avec des carottes bio.
Pendant ce temps, les lutins profitaient de leur liberté. Ils organisaient des batailles de boules de neige géantes, regardaient des films non-choisis par le Père Noël, et lançaient des karaokés où Petit Papa Noël était strictement interdit. Ils avaient même créé un syndicat, avec un slogan accrocheur :
"Un lutin respecté est un Noël sauvé."
De son côté, le Père Noël tentait tout pour les amadouer. Il essaya de flatter leur ego, leur rappelant à quel point ils étaient essentiels. Il proposa même d’installer des robots pour alléger leur charge de travail. Mais les robots, programmés à la hâte, décrétèrent que la fabrication de jouets était "illogique" et se mirent en grève à leur tour.
La résolution
Finalement, à bout d’idées, le Père Noël décida de jouer carte sur table.
— Écoutez, dit-il avec sincérité, vous êtes le cœur de Noël. Sans vous, rien n’est possible. Je suis prêt à faire des efforts.
Les lutins, touchés, acceptèrent de reprendre les négociations. Après de longues discussions, ils obtinrent ce qu’ils voulaient : une playlist musicale variée, des pauses chocolat chaud toutes les deux heures, et une soirée pizza hebdomadaire.
Quand ils retournèrent à l’atelier, ils mirent les bouchées doubles. Avec leur efficacité légendaire, ils rattrapèrent tout le retard. Noël fut sauvé, et la nuit du 24 décembre, tout le monde se réunit autour d’un grand sapin.
— À Noël, et à nos pauses-café ! lança le chef des lutins en levant son verre de lait.
Depuis ce jour, le Père Noël veille à toujours respecter les droits de ses lutins, conscient que sans eux, Noël perdrait sa magie.
© 2024 Le Pôle Nord et ses Lutins